Prix : EUR 19,00
This review is from : Ces croyants qui nous gouvernent
critique de Philippe Alexandre dans LIRE .
Jésus, Satan et Machiavelpar Philippe AlexandreLire, février 2006Les princes de la démocratieIls se sont mis à (et en) quatre, trois garçons et une fille, pour s'attaquer à une mission iconoclaste: découvrir chez les princes qui gouvernent le monde - quatre également: Bush, Blair, Poutine et Chirac - la part qui revient, dans leur foi religieuse affichée, aux convictions intimes et à l'opportunisme politique. Sur ce sujet austère, ils ont réussi un livre édifiant et fort divertissant. Les conversions de nos quatre Grands au christianisme tiennent parfois du miracle.George W. Bush a trouvé son chemin de Damas dans un salon du Holiday Inn de Midland, Texas. Il y a croisé un de ces prédicateurs-vedettes dont le business est florissant aux Etats-Unis, le Révérend Arthur Blessitt. L'homme de Dieu lui a demandé tout à trac: «Si vous mourriez maintenant, avez-vous l'assurance d'aller au Paradis?» Bush Junior a répondu par la négative. Aujourd'hui, à la Maison-Blanche, chaque réunion de travail s'ouvre par une prière. Et le président des Etats-Unis dit souvent que si le Révérend n'avait pas «planté une graine dans son âme», il se trouverait dans un bar du Texas à chercher son paradis au fond d'une bouteille de whisky.Pour Poutine, le miracle a été encore plus épatant. Au KGB, il était chargé des opérations spéciales antireligieuses. Et voilà qu'au cours de l'été 1996 il transpirait dans son sauna avec un ami lorsque le feu a éclaté dans sa datcha. Il a pu sauver sa fille Macha en fabriquant une corde avec des draps, comme dans les films. Mais de la maison, il n'a rien sauvé, ni objet ni papier. Rien qu'une petite croix que sa mère lui avait donnée. Depuis, il la porte autour du cou, assiste régulièrement aux offices et ne mange pas de viande pendant le carême. Le président russe a restitué à l'Eglise orthodoxe l'essentiel de sa richesse d'avant 1917 et il a fait du patriarche Alexis II une des premières fortunes de la Russie nouvelle. Blair ne s'est pas converti, sinon au travaillisme: il est né pieux. Le miracle, c'est que le Premier ministre britannique soit si religieux, dans un royaume qui l'est de moins en moins. Anglican, il assiste aux messes catholiques avec sa femme et ses enfants. Il était chrétien avant d'entrer en politique. Il ne s'en cache ni ne s'en glorifie. Quant à Chirac, la religion, chez lui, c'est l'affaire de Bernadette. Elle a toujours un chapelet dans son éternel sac à main. Aux Te Deum, elle s'agenouille pour prier. Pas lui. Mais pour eux quatre, quelle que soit leur piété véritable, toute la difficulté consiste à concilier le machiavélisme nécessaire et la vertu chrétienne. Machiavel, lui, ne s'embarrassait guère de Dieu et se rangeait plutôt du côté du diable. «Il n'est pas nécessaire à un Prince, écrit-il, d'avoir toutes les qualités, mais il est nécessaire de sembler les avoir... Ne pas se départir du Bien, s'il le peut, mais savoir entrer dans le Mal si c'est nécessaire.»Surprenant converti au machiavélisme, Edouard Balladur s'est mis en tête de réécrire Le prince à la sauce démocratique moderne, ce qui lui va autant qu'à un dealer de banlieue d'aller à confesse. Son Prince à lui devient «Le Politique». Son devoir est de «concilier l'immoralité des méthodes et la vertu des objectifs». La fin justifie les moyens? Diable! Occasion pour l'ancien candidat à l'Elysée d'exprimer ses regrets de n'avoir pas su les mettre en œuvre en 1995 pour parvenir à ses fins princières: «J'étais convaincu, écrit-il d'une plume amère, d'avoir dans l'esprit des convictions qui permettraient d'ouvrir la France au monde... Je n'ai parlé que de cela, sans concession à la démagogie.» Au contraire de Machiavel, Balladur se garde de citer les princes de son temps. Pas un mot de son ancien ami de trente ans mais son ombre se devine derrière chaque pique.En cette période d'hommages dévots au plus diabolique des disciples du philosophe florentin, Pierre Joxe y va de son couplet à Mitterrand qu'il a servi pendant plus d'un demi-siècle. Il raconte les «étranges» cérémonies de Notre-Dame: «Rois, reines, présidents, dictateurs, tous les grands de ce monde étaient dans la cathédrale où l'archevêque de Paris célébrait des obsèques fictives. Nul besoin d'encens: la place du catafalque était vide!» Toute la communauté catholique est ce jour-là bernée d'outre-tombe par Mitterrand, à commencer par Chirac qui communie sous le regard des caméras: «C'est la première fois, disent nos quatre auteurs sans pitié, et la dernière, qu'un chef de l'Etat accepte l'eucharistie dans le cadre de ses fonctions.» La dernière? Attendons son successeur.
critique de Philippe Alexandre dans LIRE .
Jésus, Satan et Machiavelpar Philippe AlexandreLire, février 2006Les princes de la démocratieIls se sont mis à (et en) quatre, trois garçons et une fille, pour s'attaquer à une mission iconoclaste: découvrir chez les princes qui gouvernent le monde - quatre également: Bush, Blair, Poutine et Chirac - la part qui revient, dans leur foi religieuse affichée, aux convictions intimes et à l'opportunisme politique. Sur ce sujet austère, ils ont réussi un livre édifiant et fort divertissant. Les conversions de nos quatre Grands au christianisme tiennent parfois du miracle.George W. Bush a trouvé son chemin de Damas dans un salon du Holiday Inn de Midland, Texas. Il y a croisé un de ces prédicateurs-vedettes dont le business est florissant aux Etats-Unis, le Révérend Arthur Blessitt. L'homme de Dieu lui a demandé tout à trac: «Si vous mourriez maintenant, avez-vous l'assurance d'aller au Paradis?» Bush Junior a répondu par la négative. Aujourd'hui, à la Maison-Blanche, chaque réunion de travail s'ouvre par une prière. Et le président des Etats-Unis dit souvent que si le Révérend n'avait pas «planté une graine dans son âme», il se trouverait dans un bar du Texas à chercher son paradis au fond d'une bouteille de whisky.Pour Poutine, le miracle a été encore plus épatant. Au KGB, il était chargé des opérations spéciales antireligieuses. Et voilà qu'au cours de l'été 1996 il transpirait dans son sauna avec un ami lorsque le feu a éclaté dans sa datcha. Il a pu sauver sa fille Macha en fabriquant une corde avec des draps, comme dans les films. Mais de la maison, il n'a rien sauvé, ni objet ni papier. Rien qu'une petite croix que sa mère lui avait donnée. Depuis, il la porte autour du cou, assiste régulièrement aux offices et ne mange pas de viande pendant le carême. Le président russe a restitué à l'Eglise orthodoxe l'essentiel de sa richesse d'avant 1917 et il a fait du patriarche Alexis II une des premières fortunes de la Russie nouvelle. Blair ne s'est pas converti, sinon au travaillisme: il est né pieux. Le miracle, c'est que le Premier ministre britannique soit si religieux, dans un royaume qui l'est de moins en moins. Anglican, il assiste aux messes catholiques avec sa femme et ses enfants. Il était chrétien avant d'entrer en politique. Il ne s'en cache ni ne s'en glorifie. Quant à Chirac, la religion, chez lui, c'est l'affaire de Bernadette. Elle a toujours un chapelet dans son éternel sac à main. Aux Te Deum, elle s'agenouille pour prier. Pas lui. Mais pour eux quatre, quelle que soit leur piété véritable, toute la difficulté consiste à concilier le machiavélisme nécessaire et la vertu chrétienne. Machiavel, lui, ne s'embarrassait guère de Dieu et se rangeait plutôt du côté du diable. «Il n'est pas nécessaire à un Prince, écrit-il, d'avoir toutes les qualités, mais il est nécessaire de sembler les avoir... Ne pas se départir du Bien, s'il le peut, mais savoir entrer dans le Mal si c'est nécessaire.»Surprenant converti au machiavélisme, Edouard Balladur s'est mis en tête de réécrire Le prince à la sauce démocratique moderne, ce qui lui va autant qu'à un dealer de banlieue d'aller à confesse. Son Prince à lui devient «Le Politique». Son devoir est de «concilier l'immoralité des méthodes et la vertu des objectifs». La fin justifie les moyens? Diable! Occasion pour l'ancien candidat à l'Elysée d'exprimer ses regrets de n'avoir pas su les mettre en œuvre en 1995 pour parvenir à ses fins princières: «J'étais convaincu, écrit-il d'une plume amère, d'avoir dans l'esprit des convictions qui permettraient d'ouvrir la France au monde... Je n'ai parlé que de cela, sans concession à la démagogie.» Au contraire de Machiavel, Balladur se garde de citer les princes de son temps. Pas un mot de son ancien ami de trente ans mais son ombre se devine derrière chaque pique.En cette période d'hommages dévots au plus diabolique des disciples du philosophe florentin, Pierre Joxe y va de son couplet à Mitterrand qu'il a servi pendant plus d'un demi-siècle. Il raconte les «étranges» cérémonies de Notre-Dame: «Rois, reines, présidents, dictateurs, tous les grands de ce monde étaient dans la cathédrale où l'archevêque de Paris célébrait des obsèques fictives. Nul besoin d'encens: la place du catafalque était vide!» Toute la communauté catholique est ce jour-là bernée d'outre-tombe par Mitterrand, à commencer par Chirac qui communie sous le regard des caméras: «C'est la première fois, disent nos quatre auteurs sans pitié, et la dernière, qu'un chef de l'Etat accepte l'eucharistie dans le cadre de ses fonctions.» La dernière? Attendons son successeur.
Ces croyants qui nous gouvernent Reviews
Critique de "profession politique" .
Parce que "les bonnes surs votent aussi", dixit Jacques CHIRAC, Dieu n'a pas vraiment déserté les allées du pouvoir. Le premier mérite de cet ouvrage collectif est de rappeler que dans les pays occidentaux, "sous nos cieux sécularisés", l'influence de la religion sur la politique n'a pas disparu, mme si aujourd'hui "le goupillon se manie avec d'infinies précautions". BUSH, CHIRAC, POUTINE, BLAIR, de manières très différentes, n'ont jamais négligé la place des églises. De la foi tapageuse du Président américain, à celle plus discrète du Premier ministre anglais en passant par l'opportunisme du matre du Kremlin et le parcours spirituel sinueux du Président franais, les auteurs passent en revue la pratique religieuse de nos dirigeants, leur faon de s'en servir mais aussi la sincérité qui perce parfois. L'influence de certains groupes religieux est parfois forte sur les questions de lacité, de bioéthique, d'école et, plus largement, dans les débats de société. Mais, en la matière, difficile de dire qui manipule qui. Les conseillers de BUSH, par exemple, sont passés matres dans l'art de décider si l'instant se prte ou non à une invocation de Dieu. Avec CHIRAC, il y a un avant et un après 1995. Avant d'tre élu à l'Élysée, le Président "passait volontiers pour l'enfant chéri de la droite rurale et catholique". Depuis il y a eu une "mutation laque" notent les auteurs. Les terres catholiques ne sont pourtant pas abandonnées puisque son épouse Bernadette veille... Jacques CHIRAC surprend parfois son entourage. L'ouvrage raconte un épisode inédit de la relation tumultueuse entre le Président franais et George BUSH. En 2003, après la disparition en vol de la navette Columbia, Jacques CHIRAC a appelé son homologue. "George, I pray for you", a-t-il lancé au Président américain qui n'en est toujours pas revenu...
Critique de "profession politique" .
Parce que "les bonnes surs votent aussi", dixit Jacques CHIRAC, Dieu n'a pas vraiment déserté les allées du pouvoir. Le premier mérite de cet ouvrage collectif est de rappeler que dans les pays occidentaux, "sous nos cieux sécularisés", l'influence de la religion sur la politique n'a pas disparu, mme si aujourd'hui "le goupillon se manie avec d'infinies précautions". BUSH, CHIRAC, POUTINE, BLAIR, de manières très différentes, n'ont jamais négligé la place des églises. De la foi tapageuse du Président américain, à celle plus discrète du Premier ministre anglais en passant par l'opportunisme du matre du Kremlin et le parcours spirituel sinueux du Président franais, les auteurs passent en revue la pratique religieuse de nos dirigeants, leur faon de s'en servir mais aussi la sincérité qui perce parfois. L'influence de certains groupes religieux est parfois forte sur les questions de lacité, de bioéthique, d'école et, plus largement, dans les débats de société. Mais, en la matière, difficile de dire qui manipule qui. Les conseillers de BUSH, par exemple, sont passés matres dans l'art de décider si l'instant se prte ou non à une invocation de Dieu. Avec CHIRAC, il y a un avant et un après 1995. Avant d'tre élu à l'Élysée, le Président "passait volontiers pour l'enfant chéri de la droite rurale et catholique". Depuis il y a eu une "mutation laque" notent les auteurs. Les terres catholiques ne sont pourtant pas abandonnées puisque son épouse Bernadette veille... Jacques CHIRAC surprend parfois son entourage. L'ouvrage raconte un épisode inédit de la relation tumultueuse entre le Président franais et George BUSH. En 2003, après la disparition en vol de la navette Columbia, Jacques CHIRAC a appelé son homologue. "George, I pray for you", a-t-il lancé au Président américain qui n'en est toujours pas revenu...
passionant et sans idéologie .
j'ai beaucoup appris sur M.Chirac et aussi sur M. Bush que je pensais plus intransigeant dans sa foi
j'ai beaucoup appris sur M.Chirac et aussi sur M. Bush que je pensais plus intransigeant dans sa foi
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Product Details
EAN : 9782228900379Weight : 1 pounds
Height : 1 inches
Length : 9 inches
Width : 7 inches
Author : Christian Roudaut
Binding : Broché
Manufacturer : Payot
PublicationDate : 2006-02-01
Publisher : Payot
SKU : 9782228900379_DMEDIA_US
Studio : Payot
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