jeudi 6 septembre 2012

Chine trois fois muette


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This review is from : Chine trois fois muette
Lecture essentielle pour ceux qui pensent connatre la Chine .

Pour J.-F. Billeter, la Chine, malgré sa présence plus importante que jamais sur le plan économique, est néanmoins absente, silencieuse muette. Pour lui, la Chine n’est pas un autre monde inexplicable ni unique que des sinologues doivent déchiffrer. Non, le malaise résulte d’un silence, du fait que certaines choses ne sont pas dites…parce qu’elles ne sont pas conues- ni en Chine ni ailleurs. Le but de l’ouvrage est donc de tenter de concevoir et de dire ces choses. Pour penser la Chine actuelle, il faut d’abord penser le monde actuel, et ce présent doit tre conu comme un moment de l’histoire. Il faut en particulier viser l’histoire des six derniers siècles.Que ce soit en Chine ou ailleurs, il faut imaginer une réalité nouvelle. Comme nous le rappelle Billeter, toute société humaine est un système imaginairement institué pour faire face à des conditions nouvelles . La raison économique pour prolonger son existence doit nier sa nature imaginaire et sa révocabilité. Nous sommes néanmoins libres de substituer un autre imaginaire. L’absence de la Chine, le silence de la Chine que Billeter met en avant dans le titre de "Chine : Trois Fois Muette", nous pousse aussi à réfléchir au regard occidental porté sur la Chine. Ce livre de par son analyse qui resitue la Chine dans un contexte réel, historique, et mondial mérite d’tre diffusé bien au-delà du lectorat sinologique, de plus, il nous fournit à nous, spécialistes et experts, une occasion précieuse d’entamer un travail de réflexion profonde sur notre capacité à briser le silence, sur notre rle, nos méthodes et notre responsabilité dans la narration et l’interprétation de la Chine ancienne et moderne.
Chine trois fois muette Reviews
Laus d'intellectuel .

S'appuyant sur les écrits de Karl MARX et Karl POLANYI, l'auteur nous révèle l'existence d'une réaction en chane non matrisée (dons nous n'avons pas eu conscience), et qui annule notre liberté réelle. Cette réaction trouverait son origine dans l'émancipation de la relation marchande , qui a réduit la société à un appendice de l'économique. Déclanchée au XVIème siècle, c'est à partir du XIXème siècle qu'elle a soumis l'infinie profondeur et variété du social aux abstractions de la raison marchande. (p. 22) Il faudrait une inversion de l'économique et du social, pour soumettre le premier à des pratiques humaines (p. 84), et pour cela il faudrait sortir du salariat (p. 85), puis rencontrer l'évènement, l'évènement imprévisible où quelque chose de nouveau devient possible. Il fournit alors les critères qui permettent de distinguer la vraie nouveauté de la fausse. (p. 86).La Chine elle aussi est victime de cette réaction, nous dit l'auteur. Par conséquent, nous ne l'entendons parler ni de son présent, ni de son histoire récente, ni de son passé pris dans sa totalité. (p. 69). La Chine est trois fois muette .En effet - à partir du moment où on a commencé à compter, à observer, à mesurer, et à confirmer objectivement - voir récuser -nos préjugés, nous avons ébauché une accumulation de connaissances matérielles. N'en déplaise à l'auteur, comparativement à ce qui se passait voici 200 ans, une partie plus importante de l'humanité vit mieux, et elle est plus éduquée. De surcrot, on s'est attaqué sérieusement aux grandes inégalités de la société humaine : l'esclavage et les inégalités entre homme et femme. Certes, on n'a pas encore atteint le but, pour une bonne part en raison des préjugés historiques et sociaux si chers à l'auteur, mais les progrès sont importants.L'auteur s'en prend aux abstractions de la raison marchande . Comme il est dit dans l'Evangile : on voit la paille dans l'oeil du voisin et on ne voit pas la poutre qui est dans le sien. Il souhaite que la Chine parle : que plus d'un milliard de Chinois parlent de leur histoire ? Ce serait une cacophonie sans fin. Voilà une belle abstraction : sous le terme Chine l'auteur entend une causerie entre intellectuels - matres à penser pour le milliard restant. Et quoi de plus anhistorique et abstrait que de sortir du salariat et d'attendre l'évènement imprévisible qui nous illuminera ? Et qui saura distinguer la vraie nouveauté de la fausse - comme l'entend l'auteur ?En attendant Godot... j'ai peu de patience avec ceux qui, suite à des abstractions, croient avoir compris le monde et vu ce que personne d'autre n'a vu (ni ne peut avoir vu ou touché), et qui sur la base de leur compréhension me proposent des révolutions, des inversions de système, ou autre bouleversement de la réalité. L'auteur est très ami de Tchouang-Tseu. Cet auteur parle de l'Empereur Jaune qui a perdu sa perle obscure . Il s'en remet alors à un personnage nommé Sans Rien (l'oubli des phénomènes). Sans Rien oublie les phénomènes que l'esprit distingue arbitrairement, puisque tel est son pouvoir, et qu'il prend pour des réalités objectives (p. 78)(Voir Billeter: Notes sur Tchouang-tseu et la philosophie). Il serait peut tre judicieux d'en faire autant.Le deuxième essai de ce livre porte le titre : Essai sur l'histoire chinoise, d'après Spinoza . La référence au philosophe du XVIIème siècle n'est pas innocente. L'auteur veut nous rendre plausible sa thèse que l'histoire événementielle a des effets de longue durée. Ainsi Mose aurait conu à la fois la division de pouvoirs entre roi et clergé en Isral et inventé le monothéisme (p. 96-97). De mme, les fondateurs de Tcheau auraient créé un système d'organisation de la famille qui aurait instauré en Chine une conception première et absolue d'un pouvoir immanent au social et à la nature (p. 108-109).En Isral la royauté est arrivée bien après Mose, qui laissa des structures politiques acéphales, avec des juges. Quant à la religion judaque, il s'agit là d'une monoltrie, pas d'un monothéisme (Voir Paul VEYNE: Quand notre monde est devenu chrétien). On peut donc se demander si la vision trimillénaire du système politique chinois que l'auteur nous présente n'est pas, elle aussi, trop monolithique et anachronique (une grande partie de l'empire Tcheau fut une séquelle d'époques de guerres intestines). Ou si ce système fut aussi asymétrique que l'auteur le veut : je trouve intéressant qu'il ne mentionne en aucun moment le mandat du Ciel , qui aurait d donner une ligne transcendante aux actions de l'Empereur.Mais si ce que l'auteur dit est vrai en tous points, l'empire chinois serait le seul centre politique à avoir dépassé le stade d' empire tributaire qui caractérise les sociétés préindustrielles restantes (Voir: Patricia Crone Pre-Industrial Societies). Par ailleurs, quelle aurait été la contribution d'un tel pouvoir centralisé ? On ne considère désormais comme vraisemblable l'hypothèse d'un empire hydraulique .




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Product Details

EAN : 9782844850485
Weight : 1 pounds
Height : 1 inches
Length : 7 inches
Width : 4 inches
Author : Jean-François Billeter
Binding : Broché
Manufacturer : Allia
PublicationDate : 2000-11-24
Publisher : Allia
Studio : Allia

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