Prix : EUR 20,00
This review is from : L'aide fatale : Les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique
Remplacer la Banque Mondiale par Wall Street .
L'angle iconoclaste sous lequel le sujet est abordé et la préface flatteuse de l'historien célèbre Niall Ferguson donnent envie de lire ce livre. Mais, après l'avoir lu, on peut se demander si la remarque de Ferguson sur le fait qu'un de ses mérites est que son auteur est femme et noire ne cache pas quelque perfidie de la part de ce fils d'Albion .En effet, les mérites bien réels de l'ouvrage n'arrivent pas à faire oublier ses défauts, surtout visibles dans la première moitié, consacrée au diagnostic.Le plus sérieux est que Mme Moyo semble manquer d'une expérience concrète du sujet. tre originaire de Zambie et y avoir passé son enfance ne suffit pas pour connatre comment fonctionnent les gouvernements africains. Avoir passé 2 ans à Banque Mondiale, c'est un peu juste pour acquérir une bonne compréhension des rouages de l'aide internationale.Ce qu'elle dit sur les aspects pervers de l'aide est globalement assez pertinent, mais dès qu'on se plonge dans les détails, on s'aperoit que l'analyse reste superficielle, basée sur des vues théoriques assez banales passant sous silence les mécanismes sociologiques et politiques qui font que les oligarchies africaines n'ont pas d'intért objectif à ce que leurs pays se développent. Sur ce plan, le livre d'Axelle Kabou (elle aussi femme et noire ), "Et si l'Afrique refusait le développement ?", publié il y a presque 20 ans est bien plus convaincant. Un autre point important de l'argumentaire de Mme Moyo est son affirmation que "la corruption est essentiellement causée par l'aide au développement". Or, le Nigeria, dans les années 1978 à 1985, ne recevait pas un sou d'aide internationale (sauf dans quelques secteurs bien particuliers comme l'éducation) et finanait ses investissements par ses ressources propres (puis, à partir de 1982, par le recours aux financements privés, ceux que Mme Moyo juge si vertueux !). Cela ne l'empchait pas d'tre excessivement corrompu. Le Nigeria, avec à lui seul une population plus nombreuse que celle de toute l'Afrique francophone, ce n'est pas rien par rapport à l'ensemble de l'Afrique ! Il fournit un contre-exemple qui me parait suffisamment lourd pour invalider (ou pour sérieusement nuancer) un des arguments centraux de la thèse de Mme Moyo.On peut également relever nombre de contre-vérités dans ses démonstrations :- affirmer que l'aide est versée aux dirigeants qui se la mettent directement dans la poche , est une idée reue, mais assez fantaisiste ; au contraire, les agences internationales d'aide contrlent de près l'utilisation des fonds ( de trop près , se plaignent d'ailleurs beaucoup d'Africains) ;- prétendre que les seules réalisations concrètes existantes sont dues aux Chinois , c'est à la limite de l'intox : j'ai parcouru ces 30 dernières années au Sénégal, en Tanzanie, au Nigeria, au Mozambique et dans une vingtaine d'autres pays d'Afrique, des dizaines de milliers de kilomètres de routes correctes (et parfois excellentes tant qu'elles n'avaient pas été laissées des années sans entretien), financées par l'aide internationale bien avant le débarquement en masse des Chinois. Du reste, si les routes construites par les Chinois sont "meilleures", c'est juste parce qu'elles sont neuves. On verra ce qu'il en sera après quelques années de prise en charge de leur entretien pat les autorités locales !Pour en finir avec les critiques, on a l'impression que Dambisa Moyo est fchée avec les chiffres (ex : si l'aide représente en moyenne 10% de la dépense publique et 13% du PIB , c'est que la dépense publique est supérieure au PIB, ce qui n'a pas semblé lui effleurer l'esprit), avec la chronologie (la stratégie de lutte contre la pauvreté ne date pas des années 70, mais des années 80, etc.), avec la géographie (ex : elle situe Maiduguri au Kenya !) et mme avec des concepts économiques de base (confondant allègrement, au sujet des thèses de Hernando de Soto, l' épargne avec le patrimoine). Quant au style, contrairement à l'opinion exprimée par un précédent contributeur, je le trouve assez confus et plat. Il est vrai que le lectorat US est totalement indifférent au style pour ce genre d'ouvrages, et que le traducteur ne s'est peut-tre pas beaucoup fatigué.Passons aux aspects intéressants du livre, qui ne sont pas minces. La solution qu'il préconise repose sur trois piliers : l'arrt total de l'aide, la libéralisation complète du commerce et la promotion du microcrédit.Pour ne pas alourdir ce commentaire, je ne parlerai que du premier. Mme Moyo a parfaitement compris (ce qui n'est pas si répandu) la logique du système de Bretton Woods, invention géniale de Keynes : le principe de solidarité indivise de tous les États membres à l'égard des dettes de la Banque Mondiale permet à des États pauvres d'emprunter à travers celle-ci aux meilleures conditions (AAA) et donc de payer des taux d'intért très bas au lieu de ce que les marchés financiers exigeraient comme prime de risque s'ils devaient emprunter individuellement. Contrairement au jugement de l'auteur, ce système n'est pas fondamentalement pervers, mais il a un effet qu'elle met très bien en relief : les États mal gérés ne sont pas sanctionnés par le marché et peuvent donc impunément persévérer dans leur mauvaise gestion. La solution qu'elle préconise est que les pays d'Afrique pourraient très bien se financer directement sur les marchés internationaux, à des taux reflétant la qualité de la gestion économique de chacun, ce qui serait un facteur évident et très puissant d'incitation à bien gérer. Mme si on souscrit à cette idée, il est évident qu'elle est directement inspirée par l'idéologie néolibérale. En bref, la solution préconisée revient à remplacer la Banque Mondiale par les firmes de Wall Street, avec comme résultat que celles-ci pourraient alors prélever de juteux honoraires de syndication sur les émissions obligataires des États africains !Pour conclure, les propositions de ce livre, mme si elles sont mal argumentées et parfois discutables, ouvrent des pistes de réflexion originales et intéressantes qui méritent d'tre explorées.
Remplacer la Banque Mondiale par Wall Street .
L'angle iconoclaste sous lequel le sujet est abordé et la préface flatteuse de l'historien célèbre Niall Ferguson donnent envie de lire ce livre. Mais, après l'avoir lu, on peut se demander si la remarque de Ferguson sur le fait qu'un de ses mérites est que son auteur est femme et noire ne cache pas quelque perfidie de la part de ce fils d'Albion .En effet, les mérites bien réels de l'ouvrage n'arrivent pas à faire oublier ses défauts, surtout visibles dans la première moitié, consacrée au diagnostic.Le plus sérieux est que Mme Moyo semble manquer d'une expérience concrète du sujet. tre originaire de Zambie et y avoir passé son enfance ne suffit pas pour connatre comment fonctionnent les gouvernements africains. Avoir passé 2 ans à Banque Mondiale, c'est un peu juste pour acquérir une bonne compréhension des rouages de l'aide internationale.Ce qu'elle dit sur les aspects pervers de l'aide est globalement assez pertinent, mais dès qu'on se plonge dans les détails, on s'aperoit que l'analyse reste superficielle, basée sur des vues théoriques assez banales passant sous silence les mécanismes sociologiques et politiques qui font que les oligarchies africaines n'ont pas d'intért objectif à ce que leurs pays se développent. Sur ce plan, le livre d'Axelle Kabou (elle aussi femme et noire ), "Et si l'Afrique refusait le développement ?", publié il y a presque 20 ans est bien plus convaincant. Un autre point important de l'argumentaire de Mme Moyo est son affirmation que "la corruption est essentiellement causée par l'aide au développement". Or, le Nigeria, dans les années 1978 à 1985, ne recevait pas un sou d'aide internationale (sauf dans quelques secteurs bien particuliers comme l'éducation) et finanait ses investissements par ses ressources propres (puis, à partir de 1982, par le recours aux financements privés, ceux que Mme Moyo juge si vertueux !). Cela ne l'empchait pas d'tre excessivement corrompu. Le Nigeria, avec à lui seul une population plus nombreuse que celle de toute l'Afrique francophone, ce n'est pas rien par rapport à l'ensemble de l'Afrique ! Il fournit un contre-exemple qui me parait suffisamment lourd pour invalider (ou pour sérieusement nuancer) un des arguments centraux de la thèse de Mme Moyo.On peut également relever nombre de contre-vérités dans ses démonstrations :- affirmer que l'aide est versée aux dirigeants qui se la mettent directement dans la poche , est une idée reue, mais assez fantaisiste ; au contraire, les agences internationales d'aide contrlent de près l'utilisation des fonds ( de trop près , se plaignent d'ailleurs beaucoup d'Africains) ;- prétendre que les seules réalisations concrètes existantes sont dues aux Chinois , c'est à la limite de l'intox : j'ai parcouru ces 30 dernières années au Sénégal, en Tanzanie, au Nigeria, au Mozambique et dans une vingtaine d'autres pays d'Afrique, des dizaines de milliers de kilomètres de routes correctes (et parfois excellentes tant qu'elles n'avaient pas été laissées des années sans entretien), financées par l'aide internationale bien avant le débarquement en masse des Chinois. Du reste, si les routes construites par les Chinois sont "meilleures", c'est juste parce qu'elles sont neuves. On verra ce qu'il en sera après quelques années de prise en charge de leur entretien pat les autorités locales !Pour en finir avec les critiques, on a l'impression que Dambisa Moyo est fchée avec les chiffres (ex : si l'aide représente en moyenne 10% de la dépense publique et 13% du PIB , c'est que la dépense publique est supérieure au PIB, ce qui n'a pas semblé lui effleurer l'esprit), avec la chronologie (la stratégie de lutte contre la pauvreté ne date pas des années 70, mais des années 80, etc.), avec la géographie (ex : elle situe Maiduguri au Kenya !) et mme avec des concepts économiques de base (confondant allègrement, au sujet des thèses de Hernando de Soto, l' épargne avec le patrimoine). Quant au style, contrairement à l'opinion exprimée par un précédent contributeur, je le trouve assez confus et plat. Il est vrai que le lectorat US est totalement indifférent au style pour ce genre d'ouvrages, et que le traducteur ne s'est peut-tre pas beaucoup fatigué.Passons aux aspects intéressants du livre, qui ne sont pas minces. La solution qu'il préconise repose sur trois piliers : l'arrt total de l'aide, la libéralisation complète du commerce et la promotion du microcrédit.Pour ne pas alourdir ce commentaire, je ne parlerai que du premier. Mme Moyo a parfaitement compris (ce qui n'est pas si répandu) la logique du système de Bretton Woods, invention géniale de Keynes : le principe de solidarité indivise de tous les États membres à l'égard des dettes de la Banque Mondiale permet à des États pauvres d'emprunter à travers celle-ci aux meilleures conditions (AAA) et donc de payer des taux d'intért très bas au lieu de ce que les marchés financiers exigeraient comme prime de risque s'ils devaient emprunter individuellement. Contrairement au jugement de l'auteur, ce système n'est pas fondamentalement pervers, mais il a un effet qu'elle met très bien en relief : les États mal gérés ne sont pas sanctionnés par le marché et peuvent donc impunément persévérer dans leur mauvaise gestion. La solution qu'elle préconise est que les pays d'Afrique pourraient très bien se financer directement sur les marchés internationaux, à des taux reflétant la qualité de la gestion économique de chacun, ce qui serait un facteur évident et très puissant d'incitation à bien gérer. Mme si on souscrit à cette idée, il est évident qu'elle est directement inspirée par l'idéologie néolibérale. En bref, la solution préconisée revient à remplacer la Banque Mondiale par les firmes de Wall Street, avec comme résultat que celles-ci pourraient alors prélever de juteux honoraires de syndication sur les émissions obligataires des États africains !Pour conclure, les propositions de ce livre, mme si elles sont mal argumentées et parfois discutables, ouvrent des pistes de réflexion originales et intéressantes qui méritent d'tre explorées.
L'aide fatale : Les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique Reviews
Un ouvrage majeur. A lire de toute urgence ! .
Enfin un ouvrage majeur qui ose montrer ce qui n'est pas bon à dire : que l'aide, loin d'aider, au contraire appauvrit dramatiquement les pays d'Afrique.La démonstration est sans appel et, une fois n'est pas coutume, vient d'une zambienne, qui sait de quoi elle parle et s'appuie, pour cela, sur de nombreux rapports, chiffres, éléments avérés et du quotidien sur le terrain.Alors, pourquoi ce constat étonnant, qui ne manque pas de donner lieu à polémique ?Pour commencer, la personnalité de l'auteur n'est pas anodine. Je pense que le fait que cet ouvrage préparé, nous dit l'auteur, pendant plusieurs années, soit celui d'une Africaine a beaucoup plus d'impact et mérite une particulière attention. Comme l'insinue Niall Fergeson dans l'avant-propos, "Depuis les économistes jusqu'aux stars du rock (Bono, Bob Geldof), on observe une colonisation de la discussion sur l'Afrique comparable à celle du continent africain un siècle plus tt".Femme exceptionnellement qualifiée, d'expérience et ayant vécu longuement en Zambie avant de voyager à travers le monde, Dambisa Moyo montre que "l'assistance a été et continue d'tre, pour la plus grande partie du monde en développement, un total désastre sur le plan politique, économique et humanitaire". Et d'ajouter, amère, "L'un des aspects les plus déprimants de ce fiasco de l'aide est que donateurs, politiciens, gouvernements, universitaires, économistes et spécialistes, tous savent, au plus profond d'eux-mmes, que l'aide ne marche pas, qu'elle n'a jamais marché et qu'elle ne marchera pas".Après avoir étayé ses arguments pas un ensemble de chiffres et faits très significatifs, l'auteur remonte alors à Bretton Woods et la création de la Banque Mondiale, le FMI puis l'OMC. Elle rappelle qu'après la reconstruction, ces institutions se sont reconverties dans l'aide, mais surtout au départ dans un but hégémonique, dans le contexte de la Guerre Froide, puis de maintien de leur sphère d'influence par les pays européens après la décolonisation. Avant que l'aide ne s'intensifie et ne se reconvertisse en lutte contre la pauvreté dans les années 1970.Chaque dévennie se trouve ainsi décrite dans ses spécificités, à l'aune des grands événements qui se sont produits.Ainsi, les effets de l'aide se traduisent à la fois par la corruption, l'inflation, l'érosion du capital social, l'affaiblissement des institutions et la réduction des investissements domestiques (voir le très intéressant et révélateur exemple du fabricant local de moustiquaires, dont l'entreprise fait faillite et les emplois disparaissent lorsque les pays riches se mettent en tte de distribuer gratuitement des moustiquaires à la population), autant de points que l'auteur développe et qui donnent lieu à des tas d'exemples très concrets.Et quid des prétentions des pays occidentaux à vouloir instaurer à tout prix la démocratie ? Intentions louables, mais là encore, à partir de multiples faits et exemples révélateurs, Dambisa Moyo aboutit à la conclusion suivante : "Ce qui est clair c'est que la démocratie n'est pas le préalable de la croissance économique, comme le soutiennent les champions de l'aide. Au contraire, c'est le développement économique qui est le préalable de la démocratie (et ce dont le développement n'a pas besoin, c'est de l'aide)". Vieux débat, mais tel que présenté dans cet ouvrage, qui trouve bien toute sa validité.Finalement, en effet, qu'est-ce qui fait que des dictateurs ont intért ici à s'accaparer le pouvoir ? Et qu'est-ce qui fait que d'autres ont intért à déclencher des guerres pour tenter de s'emparer du pouvoir ? Une seule réponse : la véritable manne que représente l'aide et qui, loin de bénéficier à ceux à qui elle est destinée, va pour l'essentiel directement dans le poches de ces dictateurs (ce que nous savons tous !). Il en restera toujours quelque chose, peut-on se dire ? Justement, non. Que de la nuisance profonde. Et le livre le montre excellemment.Dans une seconde partie de l'ouvrage, Dambisa Moyo, en femme d'action, présente ensuite d'autres moyens pour l'Afrique de financer son développement. Une note d'espoir, en somme ; à condition que les pays aidant comprennent enfin quel est leur actuel pouvoir de nuisance.Comment se fait-il, en effet, qu'en d'autres endroits de la planète (Asie notamment) des pays soient parvenus à se développer considérablement en quelques décennies à peine et sans bénéficier des sommes impressionnantes de l'aide africaine ? Qu'est-ce qui interdirait à l'Afrique de se développer elle aussi à son tour ?S'inspirant du cas de l'Inde, de la Russie, le Chili, ou encore l'Afrique du Sud, Dambisa Moyo présente tout à tour une série d'alternatives qu'elle développe en détail : commerce, IDE, marchés de capitaux, versements de l'étranger, microfinance et épargne, qui constituent autant de points d'appui fondamentaux et d'espoirs. Elle montre aussi le rle important que joue actuellement la Chine dans le développement de l'Afrique, démontant bien des idées reues et montrant qu'à sa manière, mme critiquable sur certains points, cette politique contribue bien plus au développement effectif de l'Afrique que toutes les années d'aides occidentales cumulées.Absolument passionnant.En définitive, quel est le principal obstacle ? Il est politique. C'est malheureux à énoncer et honteux pour nos sociétés, mais comme elle le dit elle-mme : "Les donateurs occidentaux ont une industrie de l'aide à entretenir, des fermiers dont il faut calmer les esprits (ces fermiers sont vulnérables quand les barrières commerciales sont supprimées), des électeurs progressistes dont les intentions altruistes sont exigeantes - et puis, à cause de leurs propres difficultés économiques, très peu de temps libre pour s'inquiéter du drame de l'Afrique. Pour un politicien occidental, maintenir le statu quo de l'aide est la solution la plus facile : il s'agit juste de signer un chèque".Je laisserai cette dernière phrase de l'auteur à votre méditation.Je n'ai qu'un conseil à vous apporter : lisez au moins ce livre pour vous faire votre propre idée.Et qu'un souhait : que nos dirigeants et mes généreuses cessent de duper tout le monde en se voilant la face. Il est plus que temps d'agir.Un ouvrage vraiment fondamental !!!
Un ouvrage majeur. A lire de toute urgence ! .
Enfin un ouvrage majeur qui ose montrer ce qui n'est pas bon à dire : que l'aide, loin d'aider, au contraire appauvrit dramatiquement les pays d'Afrique.La démonstration est sans appel et, une fois n'est pas coutume, vient d'une zambienne, qui sait de quoi elle parle et s'appuie, pour cela, sur de nombreux rapports, chiffres, éléments avérés et du quotidien sur le terrain.Alors, pourquoi ce constat étonnant, qui ne manque pas de donner lieu à polémique ?Pour commencer, la personnalité de l'auteur n'est pas anodine. Je pense que le fait que cet ouvrage préparé, nous dit l'auteur, pendant plusieurs années, soit celui d'une Africaine a beaucoup plus d'impact et mérite une particulière attention. Comme l'insinue Niall Fergeson dans l'avant-propos, "Depuis les économistes jusqu'aux stars du rock (Bono, Bob Geldof), on observe une colonisation de la discussion sur l'Afrique comparable à celle du continent africain un siècle plus tt".Femme exceptionnellement qualifiée, d'expérience et ayant vécu longuement en Zambie avant de voyager à travers le monde, Dambisa Moyo montre que "l'assistance a été et continue d'tre, pour la plus grande partie du monde en développement, un total désastre sur le plan politique, économique et humanitaire". Et d'ajouter, amère, "L'un des aspects les plus déprimants de ce fiasco de l'aide est que donateurs, politiciens, gouvernements, universitaires, économistes et spécialistes, tous savent, au plus profond d'eux-mmes, que l'aide ne marche pas, qu'elle n'a jamais marché et qu'elle ne marchera pas".Après avoir étayé ses arguments pas un ensemble de chiffres et faits très significatifs, l'auteur remonte alors à Bretton Woods et la création de la Banque Mondiale, le FMI puis l'OMC. Elle rappelle qu'après la reconstruction, ces institutions se sont reconverties dans l'aide, mais surtout au départ dans un but hégémonique, dans le contexte de la Guerre Froide, puis de maintien de leur sphère d'influence par les pays européens après la décolonisation. Avant que l'aide ne s'intensifie et ne se reconvertisse en lutte contre la pauvreté dans les années 1970.Chaque dévennie se trouve ainsi décrite dans ses spécificités, à l'aune des grands événements qui se sont produits.Ainsi, les effets de l'aide se traduisent à la fois par la corruption, l'inflation, l'érosion du capital social, l'affaiblissement des institutions et la réduction des investissements domestiques (voir le très intéressant et révélateur exemple du fabricant local de moustiquaires, dont l'entreprise fait faillite et les emplois disparaissent lorsque les pays riches se mettent en tte de distribuer gratuitement des moustiquaires à la population), autant de points que l'auteur développe et qui donnent lieu à des tas d'exemples très concrets.Et quid des prétentions des pays occidentaux à vouloir instaurer à tout prix la démocratie ? Intentions louables, mais là encore, à partir de multiples faits et exemples révélateurs, Dambisa Moyo aboutit à la conclusion suivante : "Ce qui est clair c'est que la démocratie n'est pas le préalable de la croissance économique, comme le soutiennent les champions de l'aide. Au contraire, c'est le développement économique qui est le préalable de la démocratie (et ce dont le développement n'a pas besoin, c'est de l'aide)". Vieux débat, mais tel que présenté dans cet ouvrage, qui trouve bien toute sa validité.Finalement, en effet, qu'est-ce qui fait que des dictateurs ont intért ici à s'accaparer le pouvoir ? Et qu'est-ce qui fait que d'autres ont intért à déclencher des guerres pour tenter de s'emparer du pouvoir ? Une seule réponse : la véritable manne que représente l'aide et qui, loin de bénéficier à ceux à qui elle est destinée, va pour l'essentiel directement dans le poches de ces dictateurs (ce que nous savons tous !). Il en restera toujours quelque chose, peut-on se dire ? Justement, non. Que de la nuisance profonde. Et le livre le montre excellemment.Dans une seconde partie de l'ouvrage, Dambisa Moyo, en femme d'action, présente ensuite d'autres moyens pour l'Afrique de financer son développement. Une note d'espoir, en somme ; à condition que les pays aidant comprennent enfin quel est leur actuel pouvoir de nuisance.Comment se fait-il, en effet, qu'en d'autres endroits de la planète (Asie notamment) des pays soient parvenus à se développer considérablement en quelques décennies à peine et sans bénéficier des sommes impressionnantes de l'aide africaine ? Qu'est-ce qui interdirait à l'Afrique de se développer elle aussi à son tour ?S'inspirant du cas de l'Inde, de la Russie, le Chili, ou encore l'Afrique du Sud, Dambisa Moyo présente tout à tour une série d'alternatives qu'elle développe en détail : commerce, IDE, marchés de capitaux, versements de l'étranger, microfinance et épargne, qui constituent autant de points d'appui fondamentaux et d'espoirs. Elle montre aussi le rle important que joue actuellement la Chine dans le développement de l'Afrique, démontant bien des idées reues et montrant qu'à sa manière, mme critiquable sur certains points, cette politique contribue bien plus au développement effectif de l'Afrique que toutes les années d'aides occidentales cumulées.Absolument passionnant.En définitive, quel est le principal obstacle ? Il est politique. C'est malheureux à énoncer et honteux pour nos sociétés, mais comme elle le dit elle-mme : "Les donateurs occidentaux ont une industrie de l'aide à entretenir, des fermiers dont il faut calmer les esprits (ces fermiers sont vulnérables quand les barrières commerciales sont supprimées), des électeurs progressistes dont les intentions altruistes sont exigeantes - et puis, à cause de leurs propres difficultés économiques, très peu de temps libre pour s'inquiéter du drame de l'Afrique. Pour un politicien occidental, maintenir le statu quo de l'aide est la solution la plus facile : il s'agit juste de signer un chèque".Je laisserai cette dernière phrase de l'auteur à votre méditation.Je n'ai qu'un conseil à vous apporter : lisez au moins ce livre pour vous faire votre propre idée.Et qu'un souhait : que nos dirigeants et mes généreuses cessent de duper tout le monde en se voilant la face. Il est plus que temps d'agir.Un ouvrage vraiment fondamental !!!
L'aide fatale : Les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique Opinions
Un livre brillant sur l'Afrique mais aussi sur nos gouvernements .
Pour moi qui connat très bien l'Afrique, quel livre brillant et surtout courageux.Mme Moyo avec son impressionnant bagage universitaire et sa carrière de premier ordre écrit des vérités qui feront hurler nos tiers mondistes professionnels, et encore plus toute cette "mauvaise gouvernance" plaie absolue de ce continent si attachant, mauvaise gouvernance à l'origine de tous ses maux si profonds, douloureux et durables.
Un livre brillant sur l'Afrique mais aussi sur nos gouvernements .
Pour moi qui connat très bien l'Afrique, quel livre brillant et surtout courageux.Mme Moyo avec son impressionnant bagage universitaire et sa carrière de premier ordre écrit des vérités qui feront hurler nos tiers mondistes professionnels, et encore plus toute cette "mauvaise gouvernance" plaie absolue de ce continent si attachant, mauvaise gouvernance à l'origine de tous ses maux si profonds, douloureux et durables.
A lire pour en savoir plus sur l'aide au développement .
Pour tous ceux qui se posent des questions et qui veulent aider l'Afrique et sa population, ce livre offre des pistes de questionnements, tente d'expliquer pourquoi certaines choses ne marchent pas. Il ne s'agit pas d'arrter l'aide, il faut la réfléchir et la rendre plus efficace.
Pour tous ceux qui se posent des questions et qui veulent aider l'Afrique et sa population, ce livre offre des pistes de questionnements, tente d'expliquer pourquoi certaines choses ne marchent pas. Il ne s'agit pas d'arrter l'aide, il faut la réfléchir et la rendre plus efficace.
inoperabilité de l'aide à l'Afrique .
c'est un trés bon livre et bien documenté surtout pour ceux qui ne connaisse pas l'Afrique, en ce sens qu'ils n'y ont jamais vécu. Toutefois on peut regretter que l'argumentation et la documentation concernent plutot la partie anglophone de l'Afrique et s'avère moins vraie sur certains points pour l'Afrique francophone. Quant aux solutions proposées, elles sont complètement imprégnées d'un capitalisme anglo-saxon pur.un livre à lire absolument!!!!!!!!!!
c'est un trés bon livre et bien documenté surtout pour ceux qui ne connaisse pas l'Afrique, en ce sens qu'ils n'y ont jamais vécu. Toutefois on peut regretter que l'argumentation et la documentation concernent plutot la partie anglophone de l'Afrique et s'avère moins vraie sur certains points pour l'Afrique francophone. Quant aux solutions proposées, elles sont complètement imprégnées d'un capitalisme anglo-saxon pur.un livre à lire absolument!!!!!!!!!!
Bien écrit et facile à lire .
Dambisa pose de vrais questions sur l'utilité des aides, mais les solutions préconisées sont discutables.Mais ce livre a l'avantage de montrer l'autre face des aides au pays en voie de développement.
Dambisa pose de vrais questions sur l'utilité des aides, mais les solutions préconisées sont discutables.Mais ce livre a l'avantage de montrer l'autre face des aides au pays en voie de développement.
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Product Details
EAN : 9782709633604Weight : 1 pounds
Height : 1 inches
Length : 9 inches
Width : 6 inches
Author : Dambisa Moyo
Binding : Broché
Manufacturer : Jean-Claude Lattès
PublicationDate : 2009-09-16
Publisher : Jean-Claude Lattès
SKU : mev08/2709633604
Studio : Jean-Claude Lattès
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