Prix : EUR 21,00
Très réussies .
Haletante et profonde, l'autobiographie de Gérard Chaliand est une réussite. Sincère, engagé mais lucide, l'homme a bourlingué au coeur de toutes les guerillas du Tiers Monde. Intègre, courageux et réaliste. Il dresse un portrait plein d'intért de personnages comme Amilcar Cabral et des maquisards vietcongs. Le seul bémol selon moi est la complaisance un peu superfétatoire mise à commenter ses conqutes féminine. Mais ceci n'enlève rien à la qualité et à l'intért de son parcours et de son oeuvre. Une belle leon pour tous les stratèges "en chambre" !
Une invitation engagée à partager les souvenirs d'un singulier itinéraire .
L'intelligence libre de préjugés dogmatiques, idéologiques, et toujours sur le qui-vive de Gérard Chaliand me surprit avec enthousiasme dans son brillant exposé synthétique des guerres dites de libération survenues dans le monde colonial, dans les 50 premières pages de L'impasse afghane ainsi que de l'analyse brillante, concise, courageuse écrite sur la guerre en Afghanistan et son impasse actuelle. Aussi ai-je saisi l'opportunité de le rencontrer lors d'une séance de décembre des "Mercredis de la NAR" animée par l'auteur, présentant des aspérités de son parcours, en support de son ouvrage "Mémoires : Tome 1, la pointe du couteau". L'homme ne craint rien et surtout pas un auditoire qu'il pensait tre "royaliste" ce que Bertrand Renouvin, discrètement, tempéra ; parmi la quarantaine d'auditeurs les royalistes ne constituaient sans doute pas la majorité (il y en avait au moins deux qui appréciaient la qualité des commentaires de "bir-hacheim" dont Chaliand est un des auteurs phares avec Lacoste).Ce premier tome retrace 25 ans d'engagements de 1952 à 1977 sur un ensemble impressionnant de thétres d'opérations de guérillas, d'insurrections armées. Gérard Chaliand est fier de décrire que son bagage universitaire des premières années de terrain était celui de laveur de vitres, de vendeur d'agrandissement de photos en Algérie, de plongeur de restaurant. Il ajoute aussi que sa famille ayant emménagé dans un logement ayant appartenu à un anarchiste qui laissa sa bibliothèque, il eut le loisir de lire les 3.000 livres qu'elle comportait. Aventurier, sans argent pour financer ses explorations humaines, sociales, sociologiques, politiques, l'auteur est animé d'un insatiable appétit de connatre, de rencontrer, de témoigner ensuite, luttant contre ce qu'il considère tre des injustices. Son terreau familial l'a sans nul doute prédisposé, issu d'une famille d'Arméniens ayant pour partie réussi à s'échapper du génocide. Voulant se démarquer du souvenir sans cesse perpétué de ce massacre, il ajouta la lettre "d" à la fin de son nom, sans pourtant jamais cesser d'aimer fortement ses parents, et son père en particulier.L'Algérie de 1952-1953 se révèle tre une composition non mélangée de trois communautés ; les "pieds-noirs", les arabes et les juifs ("ces derniers formaient, bien que de nationalité franaise, un groupe à part, très unis." - p.26). Déjà l'auteur remarque les frustrations ressenties par les femmes : inégalité, polygamie et de manière générale, vécue par la société arabe, de frustration sexuelle.Son engagement plus tard en soutien du FLN trouva son explication dans son ressentiment à fleur de peau de l'injustice, mme si, le temps passant, les connaissances s'acquérant, le recul salutaire viendra, opérant avec intégrité les distinctions entre les discours politiques, les intentions et les actes :"L'abandon de l'utopie n'empche pas de se battre pour le droit des peuples à disposer d'eux-mmes et pour une idée de la justice qui consiste à refuser l'injustice, 'mme si celle-ci profite aux siens'. " - p.176A propos de l'enqute menée sur l'autogestion yougoslave (1964), l'auteur constate le progrès de sa maturité d'observateur - analyste :"Je commenais à savoir enquter, cela consistait à connatre, avant tout, l'histoire et la culture du pays, et, naturellement, le facteur religieux. Les mythes fondateurs, les héros et les références majeures du groupe à étudier, la sociologie contemporaine et les changements récents intervenus dans les centres de décisions à diverses échelles (notamment rurales), à lire quelques romans significatifs qui en disent souvent plus long que bien des études (...). Il faut une approche économique aussi pertinente que possible, compte tenu des statistiques plus ou moins fiables, et puis le terrain, irremplaable, où on apprend par bribes, avec le temps, ce qui rarement est écrit." -p.216-217Gérard Chaliand saura utiliser ses compétences pour les mettre en forme, les écrire avec l'me de poète qui l'habite, mme si l'univers décrit est celui de la laideur de la guerre, au Vietnam, après le massacre d'un village bombardé par les Américains :"Témoigner est important. Il faut qu'on sache. Dans cette guerre, l'opinion publique est essentielle. Les Vietnamiens le savent. J'aurai appris d'eux l'importance du 'moment favorable', celui où il faut agir, frapper ou miner la volonté de l'adversaire." - p.304L'Algérie, Cuba, la Guinée-Bissau (magnifiques textes politiques de Amilcar Cabral - p.244-245), le conflit israélo-palestinien (Syrie, Jordanie, Irak, Liban, Isral, l'Erythrée, l'Amérique latine, fourniront matière à de très belles analyses géopolitiques.Un parcours universitaire aux Langues O lui permettra de compléter ses connaissances théoriques, de poursuivre son ouverture sur le monde. Ce n'est pourtant pas le diplme obtenu qui lui permettra d'tre invité à professer à Harvard, UCLA et autres universités américaines prestigieuses (il y vivra 5 années). L'auteur sait gré à la culture américaine de savoir accepter les compétences pour ce qu'elles sont, d'ordre pratique, et non a-priori. Imagine-t-on ainsi en France qu'un jeune Américain ayant étudié la guerre d'Algérie, sur le terrain, armé d'une licence pour tout bagage académique, ait pu jamais enseigner à la Sorbonne ?L'auteur revendique ses racines franaises, sa fierté d'appartenir à une nation au double héritage du christianisme (il est athée) et des Lumières :"L'invention de la démocratie moderne est un des faits les plus surprenants de l'histoire : ne plus dépendre de la loi religieuse dans la vie civile et des despotismes de tous ordres. Qu'il ait pu s'établir, dans une petite portion du mode, des institutions garantissant des droits aux citoyens est extraordinaire. On peut, en tant qu'opposant politique, ne plus craindre d'tre arrté et de disparatre ou d'tre exécuté après avoir subi la question. Ce luxe institutionnel, je l'ai constaté de par le monde, ne va nullement de soi. Il n'a pas de prix." - p.453-454Physique taillé à la serpe, cet aventurier qui aurait tout aussi bien pu tre commando (il en a pratiqué les arts martiaux, les techniques d'entranement, et en possède manifestement l'endurance), se décrit ainsi :"Ceux qui chassent en solitaire doivent tout emporter à la pointe du couteau. La Fontaine avait conté cela dans 'Le Loup et le chien'. Je ne voulais pas de collier, mme doré. Je tenais à rester libre et à voyager et agir comme et quand je l'entendais." Citant Nietzsche :"Etre indépendant est l'affaire d'un très petit nombre; c'est un privilège des forts. Et qui en prend le risque, ft-ce avec les meilleurs raisons, mais sans y tre contraint, prouve sans doute qu'il n'est pas seulement fort mais téméraire jusqu'à l'extravagance." - p.449
Au delà de l'auteur l'homme... .
Gérard Chaliand accompagne ma vie depuis plus de 30 ans. Il fait partie de ces auteurs phares dans ma bibliothèque sur deux sujets essentiels: la géopolitique et les guerres asymétriques dont il est l'un des experts franais les plus importants.Si ma bibliothèque comporte un grand nombre de ses ouvrages car il a beaucoup écrit, l'homme ne m'était pas nécessairement connu. Né en 1934, il nous livre donc, à 77 ans, le premier tome de ses mémoires de bourlingueur comme il aime se décrire.Dès 18 ans, il va partir à la découverte du monde. On est en 1952. Il fallait le faire...Après l'histoire de sa famille (arménienne, son nom d'origine est Chalian sans le d) et son adolescence, nous allons l'accompagner de 1952 à 1977 à travers le monde, de plus en plus engagé auprès des mouvements révolutionnaires, particulièrement en Algérie, en Guinée, au Vietnam et au Moyen-Orient pour l'essentiel.Vingt cinq ans d'aventures, de réflexion, d'écriture et de conférences et de rencontres féminines. Sur ce plan, Gérard Chaliand expose son intimité, les femmes ayant joué un rle visiblement très important dans sa vie.Au delà de ses Mémoires, Chaliand livre un aperu très intéressant de la jeunesse révolutionnaire et tiers-mondiste des années 50 à 80.Bref, un vrai ouvrage de mémoires dont j'attends, évidemment, la suite avec impatience.
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Product Details
EAN : 9782221103661Weight : 2 pounds
Height : 2 inches
Length : 10 inches
Width : 7 inches
Author : Gérard Chaliand
Binding : Broché
Manufacturer : Robert Laffont
PublicationDate : 2011-05-05
Publisher : Robert Laffont
SKU : 749782221103661
Studio : Robert Laffont
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