Prix : EUR 13,00
This review is from : Le Siècle des intellectuels
l'un des meilleurs .
Cet ouvrage se lit comme un roman, le style est très agréable comme pour la plupart des ouvrages de winock. Surtout il permet de nous introduire à certains des intellectuels franais qui ont fondé notre société moderne mais aussi nos préjugés. De sarte à aron en passant par gide et l'histoire de la nrf, l'introduction est intéressante et appelle à des lectures complémentaires.Un très précieux ouvrage à lire en complément des "voix de la liberté" du mme auteur.
l'un des meilleurs .
Cet ouvrage se lit comme un roman, le style est très agréable comme pour la plupart des ouvrages de winock. Surtout il permet de nous introduire à certains des intellectuels franais qui ont fondé notre société moderne mais aussi nos préjugés. De sarte à aron en passant par gide et l'histoire de la nrf, l'introduction est intéressante et appelle à des lectures complémentaires.Un très précieux ouvrage à lire en complément des "voix de la liberté" du mme auteur.
Le Siècle des intellectuels Reviews
Un miracle .
Dans cet ouvrage, Michel Winock dresse une histoire intellectuelle de la France depuis la naissance des "intellectuels" lors de l'Affaire Dreyfus jusqu'à nos jours (avec une vision pessimiste sur l'avenir du métier...) Ce livre n'est pas une histoire des idées à proprement parler mais bien une histoire des intellectuels. L'auteur y éclaire les rapports parfois complexes entre celles et ceux qui ont, à leur faon, fait le siècle. C'est un volet de l'histoire trop souvent délaissé et à tort. On trouvera ici, en plus, un éclaircissement passionnant sur ce qui oppose et ce qui lie les intellectuels entre eux. Bref, un livre épais mais qui se lit comme un roman. Une seule envie à la fin du livre : le relire.
Un miracle .
Dans cet ouvrage, Michel Winock dresse une histoire intellectuelle de la France depuis la naissance des "intellectuels" lors de l'Affaire Dreyfus jusqu'à nos jours (avec une vision pessimiste sur l'avenir du métier...) Ce livre n'est pas une histoire des idées à proprement parler mais bien une histoire des intellectuels. L'auteur y éclaire les rapports parfois complexes entre celles et ceux qui ont, à leur faon, fait le siècle. C'est un volet de l'histoire trop souvent délaissé et à tort. On trouvera ici, en plus, un éclaircissement passionnant sur ce qui oppose et ce qui lie les intellectuels entre eux. Bref, un livre épais mais qui se lit comme un roman. Une seule envie à la fin du livre : le relire.
Le Siècle des intellectuels Opinions
Une étude fouillée et éclairante .
Un livre très intéressant, en particulier sur la période de l'entre deux guerres. À lire en parallèle avec Ory et Sirinelli, "Les intellectuels en France", plus synthétique. Les deux livres se complètent bien.
Une étude fouillée et éclairante .
Un livre très intéressant, en particulier sur la période de l'entre deux guerres. À lire en parallèle avec Ory et Sirinelli, "Les intellectuels en France", plus synthétique. Les deux livres se complètent bien.
captivant .
Se lit comme un roman, on est tenu en haleine d'un bout à l'autre du siècle.
Se lit comme un roman, on est tenu en haleine d'un bout à l'autre du siècle.
Magistral et subtil .
Dans un pavé qui se lit aisément M Winock, mle subtilement l'histoire politique, l'histoire tout court ,l'histoire des idées et l'histoire littéraire (un peu moins). Ou comment les écrivains, philosophes et penseurs ont plongé à pieds joints dans les débats politiques de l'affaire Dreyfus à mai 68 (enfin un peu plus tard, l'ouvrage s'achève a peu près à la mort de Raymond Aron 1983) et ont influencé leur époque. L'ouvrage a le mérite de nous remettre en mémoire, ces personnages un peu oubliés malgré leur influence passée "énorme" , Barrès , Gide , Peguy ... (eh oui on est loin des Zemmour and co...)qu'on devrait avoir lus .... Deux petites critiques néanmoins; dans le chapitre consacré au conflit israelo-arabe (dans le débat intellectuel franais s'entend)indiquer que les origines du conflit remontent à la naissance d'Israel en 1948 n'est pas digne d'un historien de ce niveau; la chronologie comparée histoire/histoire intellectuelle est un peu hypertrophiée. j'en profite pour recommander la lecture de Roger Stéphane : Biographie moins universitaire bien sr mais qui narre la vie d'un journaliste, "engagé" sur la période 1930/1970 et qui a vécu une partie de la période étudiée par MW
Dans un pavé qui se lit aisément M Winock, mle subtilement l'histoire politique, l'histoire tout court ,l'histoire des idées et l'histoire littéraire (un peu moins). Ou comment les écrivains, philosophes et penseurs ont plongé à pieds joints dans les débats politiques de l'affaire Dreyfus à mai 68 (enfin un peu plus tard, l'ouvrage s'achève a peu près à la mort de Raymond Aron 1983) et ont influencé leur époque. L'ouvrage a le mérite de nous remettre en mémoire, ces personnages un peu oubliés malgré leur influence passée "énorme" , Barrès , Gide , Peguy ... (eh oui on est loin des Zemmour and co...)qu'on devrait avoir lus .... Deux petites critiques néanmoins; dans le chapitre consacré au conflit israelo-arabe (dans le débat intellectuel franais s'entend)indiquer que les origines du conflit remontent à la naissance d'Israel en 1948 n'est pas digne d'un historien de ce niveau; la chronologie comparée histoire/histoire intellectuelle est un peu hypertrophiée. j'en profite pour recommander la lecture de Roger Stéphane : Biographie moins universitaire bien sr mais qui narre la vie d'un journaliste, "engagé" sur la période 1930/1970 et qui a vécu une partie de la période étudiée par MW
PANORAMA DE LA PENSEE FRANCAISE DU XXème SIECLE .
Panorama qui, à vrai dire, commence un peu plus tt, au moment de l'affaire Dreyfus, du nom de cet officier franais, juif, accusé de trahison, et qui déchana contre lui les passions les plus radicales de l'antisémitisme. Maurice Barrès d'un cté, Emile Zola de l'autre. Deux hommes, deux tendances, deux pensées, qui détermineront le siècle à venir de la pensée philosophique et politique en France. Ou comment des écrivains, ont mis leur art au service d'une cause, d'un camp politique, et pesèrent sur les consciences (n'oublions pas l'investissement de Voltaire, sur la fin de sa vie).Ce livre imposant de Michel Winock (770 pages sans les annexes) se lit merveilleusement bien. Il est bien écrit, accessible, et il est surtout passionnant. Il se divise en trois parties, où dominent un matre à penser : les années Maurice Barrès (1862-1923), les années André Gides (1869-1951) et les années Jean Paul Sartre (1905-1980). Matres à penser, car à un moment de leur carrière, les idéologies se sont cristallisées autour de ces trois hommes là.Dans cette première partie, on croise Barrès, ultranationaliste, catholique et conservateur, ainsi que Charles Maurras et sa future Action Franaise, militariste antisémite, admirateur de Mussolini, avec Daudet. Mais aussi Peguy, Claudel, Henri Barbusse, Bergson, Valéry, Anatole France, et Gides déjà, la création de la NRF, Gallimard... L'affaire Dreyfus oppose ces hommes, la séparation de l'Eglise et de l'Etat, puis la Grande Guerre et ces horreurs, les mouvements pacifistes, le communisme qui fait rver... Autant d'évènements qui précipitent chacun derrière ses idéaux.Avec les années Gide (l'anticonformiste, au grand dam de son ami Claudel) Michel Winock nous retrace les années vingt et trente, les empoignades entre surréalistes (Breton, Eluard) et marxistes, la radicalisation des mouvements fascisants, la tentative de coup de force contre l'Assemblée en 1934, la menace hitlérienne, la guerre d'Espagne, et les Céline, Montherlant, Malraux, Martin du Gard, Bernanos, Drieu la Rochelle, Brasillach. De longues pages sont consacrées à la seconde guerre mondiale, aux écrivains qui entrent en résistance, physiquement, et/ou par leurs oeuvres, ceux qui hésitent, tergiversent, ceux qui choisissent le camp des fascistes. Période noire et terriblement complexe, parfaitement et lucidement rendue par l'auteur. J'y découvre Jean Paulhan, infatigable éditeur, résistant de l'ombre, directeur de la NRF, remplacé par Drieu La Rochelle, tous deux ennemis jurés, mais curieusement respectueux, car liés par la littérature. L'épuration et les rancurs, procès, haines, vengeances, mais aussi le pardon. Et encore Jean Paulhan, qui souhaite une littérature détachée des idéologies. Au contraire de Sartre...Jean Paul Sartre, qui impose à tous dès la libération le tout idéologie , thème de la troisième partie. Derrière chaque livre, pièce, article, derrière chaque mot il doit y avoir du sens politique. Sartre omniprésent, sur tous les fronts. On retrouve Gide et son Retour d'URSS , les années Staline, la flamboyance du PCF qui enrle à tour de bras, le retour des démocrates chrétiens comme Mauriac, et puis les Camus, les Aron, Aragon, Beauvoir, Clavel, et encore une fois, des écrivains qui s'entredéchirent, qui portent très haut le verbe et l'injure, sur Tito, la Hongrie, la guerre d'Algérie, les mouvements gauchistes, 68...Ce livre de Michel Winock regorge de noms, de titres, que l'on ignore, que l'on connat, vaguement, un peu mieux, et surtout que l'on croyait connatre. Il montre qu'il n'y a pas deux camps adverses, mais de multiples ramifications, parmi la droite, catholique, laque, le centre, la gauche socialiste, marxiste, que certains restent sur leur position toute une vie, et d'autres évoluent... Tous ces intellectuels, qui flirtent avec le monde politique (c'est toujours vrai aujourd'hui !) sont en perpétuel affrontement, les uns contre les autres, amis un jour, fchés le lendemain. Ce livre montre aussi le nombre incalculable de revues, groupes, réunions publiques, maisons d'édition, associations, journaux, créés au moindre évènement, pour imposer son courant, et se distinguer du voisin... Le récit est chronologique, mais les carrières souvent se croisent et se superposent, l'auteur le rappelle sans cesse, afin que tout soit clair, et il use de courts chapitres thématiques.Où l'on découvre que deux ou trois grandes questions reviennent sans cesse dans le débat : la Nation, Dieu, le Socialisme. Certains, comme Emmanuel Mounier (la revue "Esprit"), que j'ai découvert dans ces pages, semblent les avoir réunies.Panorama de la pensée politique et intellectuelle, plus que des styles littéraires, LE SIECLE DES INTELLECTUELS est une lecture enrichissante et passionnante.
Panorama qui, à vrai dire, commence un peu plus tt, au moment de l'affaire Dreyfus, du nom de cet officier franais, juif, accusé de trahison, et qui déchana contre lui les passions les plus radicales de l'antisémitisme. Maurice Barrès d'un cté, Emile Zola de l'autre. Deux hommes, deux tendances, deux pensées, qui détermineront le siècle à venir de la pensée philosophique et politique en France. Ou comment des écrivains, ont mis leur art au service d'une cause, d'un camp politique, et pesèrent sur les consciences (n'oublions pas l'investissement de Voltaire, sur la fin de sa vie).Ce livre imposant de Michel Winock (770 pages sans les annexes) se lit merveilleusement bien. Il est bien écrit, accessible, et il est surtout passionnant. Il se divise en trois parties, où dominent un matre à penser : les années Maurice Barrès (1862-1923), les années André Gides (1869-1951) et les années Jean Paul Sartre (1905-1980). Matres à penser, car à un moment de leur carrière, les idéologies se sont cristallisées autour de ces trois hommes là.Dans cette première partie, on croise Barrès, ultranationaliste, catholique et conservateur, ainsi que Charles Maurras et sa future Action Franaise, militariste antisémite, admirateur de Mussolini, avec Daudet. Mais aussi Peguy, Claudel, Henri Barbusse, Bergson, Valéry, Anatole France, et Gides déjà, la création de la NRF, Gallimard... L'affaire Dreyfus oppose ces hommes, la séparation de l'Eglise et de l'Etat, puis la Grande Guerre et ces horreurs, les mouvements pacifistes, le communisme qui fait rver... Autant d'évènements qui précipitent chacun derrière ses idéaux.Avec les années Gide (l'anticonformiste, au grand dam de son ami Claudel) Michel Winock nous retrace les années vingt et trente, les empoignades entre surréalistes (Breton, Eluard) et marxistes, la radicalisation des mouvements fascisants, la tentative de coup de force contre l'Assemblée en 1934, la menace hitlérienne, la guerre d'Espagne, et les Céline, Montherlant, Malraux, Martin du Gard, Bernanos, Drieu la Rochelle, Brasillach. De longues pages sont consacrées à la seconde guerre mondiale, aux écrivains qui entrent en résistance, physiquement, et/ou par leurs oeuvres, ceux qui hésitent, tergiversent, ceux qui choisissent le camp des fascistes. Période noire et terriblement complexe, parfaitement et lucidement rendue par l'auteur. J'y découvre Jean Paulhan, infatigable éditeur, résistant de l'ombre, directeur de la NRF, remplacé par Drieu La Rochelle, tous deux ennemis jurés, mais curieusement respectueux, car liés par la littérature. L'épuration et les rancurs, procès, haines, vengeances, mais aussi le pardon. Et encore Jean Paulhan, qui souhaite une littérature détachée des idéologies. Au contraire de Sartre...Jean Paul Sartre, qui impose à tous dès la libération le tout idéologie , thème de la troisième partie. Derrière chaque livre, pièce, article, derrière chaque mot il doit y avoir du sens politique. Sartre omniprésent, sur tous les fronts. On retrouve Gide et son Retour d'URSS , les années Staline, la flamboyance du PCF qui enrle à tour de bras, le retour des démocrates chrétiens comme Mauriac, et puis les Camus, les Aron, Aragon, Beauvoir, Clavel, et encore une fois, des écrivains qui s'entredéchirent, qui portent très haut le verbe et l'injure, sur Tito, la Hongrie, la guerre d'Algérie, les mouvements gauchistes, 68...Ce livre de Michel Winock regorge de noms, de titres, que l'on ignore, que l'on connat, vaguement, un peu mieux, et surtout que l'on croyait connatre. Il montre qu'il n'y a pas deux camps adverses, mais de multiples ramifications, parmi la droite, catholique, laque, le centre, la gauche socialiste, marxiste, que certains restent sur leur position toute une vie, et d'autres évoluent... Tous ces intellectuels, qui flirtent avec le monde politique (c'est toujours vrai aujourd'hui !) sont en perpétuel affrontement, les uns contre les autres, amis un jour, fchés le lendemain. Ce livre montre aussi le nombre incalculable de revues, groupes, réunions publiques, maisons d'édition, associations, journaux, créés au moindre évènement, pour imposer son courant, et se distinguer du voisin... Le récit est chronologique, mais les carrières souvent se croisent et se superposent, l'auteur le rappelle sans cesse, afin que tout soit clair, et il use de courts chapitres thématiques.Où l'on découvre que deux ou trois grandes questions reviennent sans cesse dans le débat : la Nation, Dieu, le Socialisme. Certains, comme Emmanuel Mounier (la revue "Esprit"), que j'ai découvert dans ces pages, semblent les avoir réunies.Panorama de la pensée politique et intellectuelle, plus que des styles littéraires, LE SIECLE DES INTELLECTUELS est une lecture enrichissante et passionnante.
Classique au statut mérité .
Ce livre, comme le défendent fort justement les autres commentateurs, s'est imposé en quelques années comme un classique de l'historiographie franaise. Winock brosse ici le tableau des engagements des intellectuels depuis le conflit séminal que représenta l'Affaire Dreyfus jusqu'aux décès de Sartre et d'Aron, et avec eux, d'une figure type de l'intellectuel engagé. Cette synthèse, qui court, chronologie comprise, sur plus de 800 pages, repose sur des chapitres assez courts, thématico-chronologiques, très lisibles. L'ensemble, bien rédigé, se lit avec une grande aisance.Difficile de passer outre le travail de Winock quand on s'intéresse à la vie intellectuelle franaise depuis 1900. La réédition, en cette année 2009, du dictionnaire des intellectuels franais, accompagnera utilement ce livre. Attention à ne pas se méprendre, ce n'est pas là une histoire des oeuvres ou des courants littéraires (au-delà de l'inévitable ouvrage de Benda, La trahison des clercs), mais plutt un panorama de l'engagement des écrivains (principalement) dans les grandes causes du XXe siècle : Dreyfus, la première guerre mondiale, le 6 février 34, la guerre d'Ethiopie, la guerre d'Espagne, la seconde guerre mondiale, les débuts de la guerre froide, l'Algérie, les années 60, le maosme des années 70. Autour de trois figures majeures, que sont Barrès, l'antidreyfusard, Gide, l'anticonformiste et Sartre, l'anti-anticommuniste, Winock raconte ce que furent les prises de position des intellectuels dans l'espace public. Le lecteur croisera Zola, Maurras, Péguy, France, Breton, Aragon, Martin du Gard, Malraux, Drieu, Mounier, Camus, Alleg, Foucault, etc... Le livre ne se résume pas à ce name-dropping : le champ intellectuel connat une évolution propre, décrite ici de manière sous-jacente avant d'tre résumée dans la conclusion.L'Affaire Dreyfus cristallise de manière manichéenne le monde intellectuel : un camp de la vérité finira par émerger et par l'emporter. Les engagements suivants ne retrouveront jamais la pureté originelle de la geste dreyfusarde ou antidreyfusarde. Réagissant aux grands enjeux du temps de la période 1914-56, les intellectuels, par idéalisme, par volonté d'émettre des positions morales et politiques que permet leur talent ou leur réputation, seront de tous les combats, surtout les mauvais d'ailleurs. Le plus impressionnant dans ce livre, c'est finalement de constater la faillite répétée de l'intelligence franaise face à la politique. Le cri naf de Romain Rolland "l'intellectuel qui s'engage en politique est une réclame sur une poubelle" est un des rares éclairs de lucidité des écrivains engagés : Aragon tresse les louanges de Staline et de la tchéka, Breton joue les maximalistes de gauche, Benda se trahit lui-mme en approuvant le procès Rajk, les pacifistes finissent par approuver l'inacceptable pour éviter la guerre, Drieu cède à la fascination envers la virilité fasciste, Brasillach se vautre dans le nazisme, ...Pour un Suarès dénonant le nazisme en 1936 dans un livre que Grasset refusera de publier par opportunisme, combien de Fernandez et de Jouhandeau? d'Aragon et de Wurmser? Utilisés par les politiques comme des cautions, incapables de reprendre leur indépendance, englués dans leurs prises de position.Peu d'intellectuels ont finalement gardé une certaine dignité morale dans ces engagements, peu défendent la démocratie, peu défendent la liberté, la plupart posent, fanfarons, dans les uniformes de l'indignation, de la simplification et de l'extrmisme. Cet espace 6 février 34 -> 1956 prend près de la moitié du livre.Après 1956 et le tournant de Budapest, les engagements intellectuels se délitent peu à peu, jusqu'à l'émergence de figures d'expertise sectorielle à rebours des penseurs ou romanciers généralistes investissant des causes qu'ils considèrent comme justes. A ces spécialistes, sociologues ou économistes, s'adjoindront des intellectuels médiatiques, dont l'oeuvre passe loin après les interventions télévisées. Une dichotomie qui achèvera de démolir le rle synthétique de l'intellectuel, prenant appui sur sa condition d'écrivain ou de philosophe pour se positionner dans l'espace public sur des sujets où il n'est pas spécialiste.Le lecteur suivra donc, au fil du siècle, le récit des engagements intellectuels franais, parfois confus ou imbéciles, souvent pleins de bonne foi et d'ardeur. Je ne regrette qu'une chose, l'impression de bclage que laissent les chapitres finaux, à partir du maosme des années 70. Foucault, Barthes ou, plus tard Bourdieu, méritaient plus que les maigres paragraphes qui leur sont consacrés. Tout cela est peut-tre trop récent pour avoir suscité une bibliographie utilisable et conséquente?Cette remarque mise à part, l'ouvrage mérite son excellente réputation.
Ce livre, comme le défendent fort justement les autres commentateurs, s'est imposé en quelques années comme un classique de l'historiographie franaise. Winock brosse ici le tableau des engagements des intellectuels depuis le conflit séminal que représenta l'Affaire Dreyfus jusqu'aux décès de Sartre et d'Aron, et avec eux, d'une figure type de l'intellectuel engagé. Cette synthèse, qui court, chronologie comprise, sur plus de 800 pages, repose sur des chapitres assez courts, thématico-chronologiques, très lisibles. L'ensemble, bien rédigé, se lit avec une grande aisance.Difficile de passer outre le travail de Winock quand on s'intéresse à la vie intellectuelle franaise depuis 1900. La réédition, en cette année 2009, du dictionnaire des intellectuels franais, accompagnera utilement ce livre. Attention à ne pas se méprendre, ce n'est pas là une histoire des oeuvres ou des courants littéraires (au-delà de l'inévitable ouvrage de Benda, La trahison des clercs), mais plutt un panorama de l'engagement des écrivains (principalement) dans les grandes causes du XXe siècle : Dreyfus, la première guerre mondiale, le 6 février 34, la guerre d'Ethiopie, la guerre d'Espagne, la seconde guerre mondiale, les débuts de la guerre froide, l'Algérie, les années 60, le maosme des années 70. Autour de trois figures majeures, que sont Barrès, l'antidreyfusard, Gide, l'anticonformiste et Sartre, l'anti-anticommuniste, Winock raconte ce que furent les prises de position des intellectuels dans l'espace public. Le lecteur croisera Zola, Maurras, Péguy, France, Breton, Aragon, Martin du Gard, Malraux, Drieu, Mounier, Camus, Alleg, Foucault, etc... Le livre ne se résume pas à ce name-dropping : le champ intellectuel connat une évolution propre, décrite ici de manière sous-jacente avant d'tre résumée dans la conclusion.L'Affaire Dreyfus cristallise de manière manichéenne le monde intellectuel : un camp de la vérité finira par émerger et par l'emporter. Les engagements suivants ne retrouveront jamais la pureté originelle de la geste dreyfusarde ou antidreyfusarde. Réagissant aux grands enjeux du temps de la période 1914-56, les intellectuels, par idéalisme, par volonté d'émettre des positions morales et politiques que permet leur talent ou leur réputation, seront de tous les combats, surtout les mauvais d'ailleurs. Le plus impressionnant dans ce livre, c'est finalement de constater la faillite répétée de l'intelligence franaise face à la politique. Le cri naf de Romain Rolland "l'intellectuel qui s'engage en politique est une réclame sur une poubelle" est un des rares éclairs de lucidité des écrivains engagés : Aragon tresse les louanges de Staline et de la tchéka, Breton joue les maximalistes de gauche, Benda se trahit lui-mme en approuvant le procès Rajk, les pacifistes finissent par approuver l'inacceptable pour éviter la guerre, Drieu cède à la fascination envers la virilité fasciste, Brasillach se vautre dans le nazisme, ...Pour un Suarès dénonant le nazisme en 1936 dans un livre que Grasset refusera de publier par opportunisme, combien de Fernandez et de Jouhandeau? d'Aragon et de Wurmser? Utilisés par les politiques comme des cautions, incapables de reprendre leur indépendance, englués dans leurs prises de position.Peu d'intellectuels ont finalement gardé une certaine dignité morale dans ces engagements, peu défendent la démocratie, peu défendent la liberté, la plupart posent, fanfarons, dans les uniformes de l'indignation, de la simplification et de l'extrmisme. Cet espace 6 février 34 -> 1956 prend près de la moitié du livre.Après 1956 et le tournant de Budapest, les engagements intellectuels se délitent peu à peu, jusqu'à l'émergence de figures d'expertise sectorielle à rebours des penseurs ou romanciers généralistes investissant des causes qu'ils considèrent comme justes. A ces spécialistes, sociologues ou économistes, s'adjoindront des intellectuels médiatiques, dont l'oeuvre passe loin après les interventions télévisées. Une dichotomie qui achèvera de démolir le rle synthétique de l'intellectuel, prenant appui sur sa condition d'écrivain ou de philosophe pour se positionner dans l'espace public sur des sujets où il n'est pas spécialiste.Le lecteur suivra donc, au fil du siècle, le récit des engagements intellectuels franais, parfois confus ou imbéciles, souvent pleins de bonne foi et d'ardeur. Je ne regrette qu'une chose, l'impression de bclage que laissent les chapitres finaux, à partir du maosme des années 70. Foucault, Barthes ou, plus tard Bourdieu, méritaient plus que les maigres paragraphes qui leur sont consacrés. Tout cela est peut-tre trop récent pour avoir suscité une bibliographie utilisable et conséquente?Cette remarque mise à part, l'ouvrage mérite son excellente réputation.
Product Details
EAN : 9782020881807Weight : 4 pounds
Height : 2 inches
Length : 7 inches
Width : 5 inches
Author : Michel Winock
Binding : Poche
Manufacturer : Seuil
PublicationDate : 2006-06-07
Publisher : Seuil
SKU : 9782020881807_DMEDIA_US
Studio : Seuil
Ou acheter
Vous pouvez acheter ce Le Siècle des intellectuels sur amazon . Cliquez ici pour lire plus.