Prix : EUR 21,00
This review is from : Quand tu seras président...
Vivre et penser commes des porcs .
Cinq étoiles, car cet opuscule sans saveur nous livre une vision crue de deux grands escrocs qui auront marqué notre époque.Je me contenterai en l'occurrence de citer l'analyse qu'en a fait l'excellent Christian Authier:"Cohn-Bendit, Kouchner : vivre et penser...Vivre et penser comme des porcs annonait Gilles Chtelet dans un essai remarquable (1) où il évoquait notamment la tartufferie humanitaire des post-gauchistes et "la putréfaction des idées libertaires". Impossible de ne pas y songer en lisant les fortes pensées compilées par Cohn-Bendit et Kouchner.Ce dialogue entre Dany (59 ans) et Bernard (bientt 65 ans) est d'abord générationnel. Bernard s'inquiète pour sa retraite ("Tu sais qu'en France les ministres n'ont pas de retraite") et Dany s'enthousiasme pour les fonds de pension. Tous deux admirent Giscard (Président de la République, 1974-1981). Ils parlent des aléas de la vie, notamment celui - assez poignant et joliment raconté par Bernard - qui consiste un jour à se passer d'une voiture de fonction avec chauffeur.Dany voit bien Bernard Président de la République et celui-ci renvoie la politesse à son ami en l'intronisant Président de l'Europe. Parfois, les copains ont la dent dure et l'on pense alors aux deux papys du Muppet Show ricanant de leurs perfidies. Nos compères devisent en discernant bons et mauvais points et n'en reviennent pas de se trouver si beaux, si fins, si justes, si intelligents, si généreux.Il y a aussi des moments plus intimes, des confessions presque.Ainsi, l'ancien gastro-entérologue et ministre déclare qu'il aurait accueilli Yvan Colonna si celui-ci était venu frapper à sa porte. Bernard aurait-il une villa en Corse ? Dans ce cas, les terroristes insulaires ne la feront pas sauter. La veuve du Préfet Érignac appréciera cette générosité virtuelle. Quant à Colonna, il saura où aller la prochaine fois au lieu de se cacher dans une bergerie. N'oublions pas les passages un peu "chauds" comme lorsque l'inépuisable Bernard évoque le "plaisir sensuel à l'exercice du pouvoir"."La fonction crée l'orgasme" annonce encore le petit "rapporteur" de Total (25 000 euros pour un "rapport" de vingt pages exonérant très rapidement l'entreprise des accusations d'esclavagisme en Indonésie). Les lectrices envieront Christine Ockrent. À un moment, à propos de sa jeunesse stalinienne, Bernard reconnat une "demi-erreur". C'est la séquence autocritique - forte, concise et belle - de l'ouvrage.Les bombardeurs humanitairesCertes, ce dialogue quasi consensuel n'échappe pas aux nuances. Par exemple, Bernard compte en dollars quand Dany affiche clairement sa préférence pour l'euro. Sur le nucléaire, on frle l'incident. Dany est farouchement contre et Bernard pour ! Et il a raison. Car sans nucléaire, pas de bombes à l'uranium appauvri sans lesquelles les bombardements humanitaires - dont Bernard s'est fait le vigoureux propagandiste - n'auraient pas la mme saveur !Sur ce sujet, nos soixante-huitards renouent avec leurs idéaux de leur lointaine jeunesse. On a beaucoup glosé sur les anciens révolutionnaires gauchistes de 68 qui auraient viré leur cuti au fil des ans. Faux procès. Le problème avec ces zigomars, c'est précisément qu'ils sont restés fidèles aux sornettes qu'ils professaient voici bientt un demi-siècle ! Trotskistes, maos, staliniens : peu importent les idées folles et sanguinaires qu'ils adulaient. L'ivresse est aujourd'hui la mme.Révolution permanente, table rase.Différence de taille : ce programme s'habille désormais de mots et de slogans plus doux comme "guerre humanitaire" ou "devoir d'ingérence". En 1968, Dany et son grand copain Joschka Fischer (devenu ministre des Affaires étrangères sous le chancelier Schröder) lanaient des pavés sur les CRS. En 1999, ils lanceront (enfin, surtout Joschka, Dany se contentant d'un appui terrestre et intellectuel) des bombes à l'uranium et à fragmentation sur les civils Serbes. Comme celle qui frappa l'hpital de Nis le 7 mai 1999, juste après que le marché de la ville ft nettoyé par les avions de l'Otan. C'était sans doute cela les nouveaux "médecins sans frontières" et les "frappes chirurgicales" vus par l'Otan."Dans le combat pour la paix, ce qui est excitant, c'est toujours le combat et non la paix" avoue Bernard, qui s'autoproclame dans un autre livre : "guerrier de la paix"."Quand on fait la guerre, on ne demande pas chaque fois aux civils si on a le droit ou non de bombarder" dit-il encore à propos de ceux qui bombardent.De toute faon, cela tombe bien, car lorsque Bernard se déplace - chez les Kurdes d'Irak, par exemple - que voit-il ? Des civils qui veulent des bombes sur la figure ! "J'ai reu un accueil inoubliable. Tous me disaient : "Oui, nous attendons les bombes, parce que sans bombes, nul ne délivrera ce pays." Le monde étant bien fait, les Irakiens recevront encore des bombes en 2003 lors d'un conflit où une chose aura fortement choqué notre bon docteur : la menace du veto franais à l'ONU qu'il ressentit comme "une brutalité déplacée". Enfin, page 308, Bernard, lucide et émouvant, demande : "Tu ne trouves pas que nous commenons à dire des banalités ?"Oui, bien sr, mais surtout des btises et des horreurs."
Vivre et penser commes des porcs .
Cinq étoiles, car cet opuscule sans saveur nous livre une vision crue de deux grands escrocs qui auront marqué notre époque.Je me contenterai en l'occurrence de citer l'analyse qu'en a fait l'excellent Christian Authier:"Cohn-Bendit, Kouchner : vivre et penser...Vivre et penser comme des porcs annonait Gilles Chtelet dans un essai remarquable (1) où il évoquait notamment la tartufferie humanitaire des post-gauchistes et "la putréfaction des idées libertaires". Impossible de ne pas y songer en lisant les fortes pensées compilées par Cohn-Bendit et Kouchner.Ce dialogue entre Dany (59 ans) et Bernard (bientt 65 ans) est d'abord générationnel. Bernard s'inquiète pour sa retraite ("Tu sais qu'en France les ministres n'ont pas de retraite") et Dany s'enthousiasme pour les fonds de pension. Tous deux admirent Giscard (Président de la République, 1974-1981). Ils parlent des aléas de la vie, notamment celui - assez poignant et joliment raconté par Bernard - qui consiste un jour à se passer d'une voiture de fonction avec chauffeur.Dany voit bien Bernard Président de la République et celui-ci renvoie la politesse à son ami en l'intronisant Président de l'Europe. Parfois, les copains ont la dent dure et l'on pense alors aux deux papys du Muppet Show ricanant de leurs perfidies. Nos compères devisent en discernant bons et mauvais points et n'en reviennent pas de se trouver si beaux, si fins, si justes, si intelligents, si généreux.Il y a aussi des moments plus intimes, des confessions presque.Ainsi, l'ancien gastro-entérologue et ministre déclare qu'il aurait accueilli Yvan Colonna si celui-ci était venu frapper à sa porte. Bernard aurait-il une villa en Corse ? Dans ce cas, les terroristes insulaires ne la feront pas sauter. La veuve du Préfet Érignac appréciera cette générosité virtuelle. Quant à Colonna, il saura où aller la prochaine fois au lieu de se cacher dans une bergerie. N'oublions pas les passages un peu "chauds" comme lorsque l'inépuisable Bernard évoque le "plaisir sensuel à l'exercice du pouvoir"."La fonction crée l'orgasme" annonce encore le petit "rapporteur" de Total (25 000 euros pour un "rapport" de vingt pages exonérant très rapidement l'entreprise des accusations d'esclavagisme en Indonésie). Les lectrices envieront Christine Ockrent. À un moment, à propos de sa jeunesse stalinienne, Bernard reconnat une "demi-erreur". C'est la séquence autocritique - forte, concise et belle - de l'ouvrage.Les bombardeurs humanitairesCertes, ce dialogue quasi consensuel n'échappe pas aux nuances. Par exemple, Bernard compte en dollars quand Dany affiche clairement sa préférence pour l'euro. Sur le nucléaire, on frle l'incident. Dany est farouchement contre et Bernard pour ! Et il a raison. Car sans nucléaire, pas de bombes à l'uranium appauvri sans lesquelles les bombardements humanitaires - dont Bernard s'est fait le vigoureux propagandiste - n'auraient pas la mme saveur !Sur ce sujet, nos soixante-huitards renouent avec leurs idéaux de leur lointaine jeunesse. On a beaucoup glosé sur les anciens révolutionnaires gauchistes de 68 qui auraient viré leur cuti au fil des ans. Faux procès. Le problème avec ces zigomars, c'est précisément qu'ils sont restés fidèles aux sornettes qu'ils professaient voici bientt un demi-siècle ! Trotskistes, maos, staliniens : peu importent les idées folles et sanguinaires qu'ils adulaient. L'ivresse est aujourd'hui la mme.Révolution permanente, table rase.Différence de taille : ce programme s'habille désormais de mots et de slogans plus doux comme "guerre humanitaire" ou "devoir d'ingérence". En 1968, Dany et son grand copain Joschka Fischer (devenu ministre des Affaires étrangères sous le chancelier Schröder) lanaient des pavés sur les CRS. En 1999, ils lanceront (enfin, surtout Joschka, Dany se contentant d'un appui terrestre et intellectuel) des bombes à l'uranium et à fragmentation sur les civils Serbes. Comme celle qui frappa l'hpital de Nis le 7 mai 1999, juste après que le marché de la ville ft nettoyé par les avions de l'Otan. C'était sans doute cela les nouveaux "médecins sans frontières" et les "frappes chirurgicales" vus par l'Otan."Dans le combat pour la paix, ce qui est excitant, c'est toujours le combat et non la paix" avoue Bernard, qui s'autoproclame dans un autre livre : "guerrier de la paix"."Quand on fait la guerre, on ne demande pas chaque fois aux civils si on a le droit ou non de bombarder" dit-il encore à propos de ceux qui bombardent.De toute faon, cela tombe bien, car lorsque Bernard se déplace - chez les Kurdes d'Irak, par exemple - que voit-il ? Des civils qui veulent des bombes sur la figure ! "J'ai reu un accueil inoubliable. Tous me disaient : "Oui, nous attendons les bombes, parce que sans bombes, nul ne délivrera ce pays." Le monde étant bien fait, les Irakiens recevront encore des bombes en 2003 lors d'un conflit où une chose aura fortement choqué notre bon docteur : la menace du veto franais à l'ONU qu'il ressentit comme "une brutalité déplacée". Enfin, page 308, Bernard, lucide et émouvant, demande : "Tu ne trouves pas que nous commenons à dire des banalités ?"Oui, bien sr, mais surtout des btises et des horreurs."
Product Details
EAN : 9782221099520Weight : 2 pounds
Height : 2 inches
Length : 10 inches
Width : 7 inches
Author : Daniel Cohn-Bendit
Binding : Broché
Manufacturer : Robert Laffont
PublicationDate : 2004-04-01
Publisher : Robert Laffont
SKU : 749782221099520
Studio : Robert Laffont
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